Une accusation d'infidélité pour la femme du capitaine restée seule à terre pendant de si longs mois. La pire trahison pour un marin, blessé dans sa chair. Pourquoi donc ce sujet intéresse-t-il tant Roger Vercel puisqu'on le retrouvait déjà dans plusieurs romans ? Peut-être parce qu'il prend la victime au moment où cela va lui faire le plus mal, à un moment où elle ne peut se battre et à un moment où elle ne doit pas flancher, un moment où les pensées vont l'envahir, prendre le pas sur ses responsabilités. Mettre en balance la responsabilité de tout un équipage et le coeur d'un homme : une expérience qu'il répète sous tous les angles, de la victime ou du coupable, de l'homme ou de la femme, fin heureuse ou malheureuse, pour bien en comprendre les conséquences.
Mais bien sûr, le lecteur, comme les marins du bateau, se trouve pris en otage de la folie qui s'empare du capitaine, du bateau. L'angoisse qui le taraude, l'issue incertaine, contre laquelle il ne peut rien...
Brancardier sur les champs de bataille du Nord et de l'Est de la France, Roger Vercel (1894-1957), envoyé comme officier sur le front d'Orient, ne fut démobilisé qu'un an après l'armistice. Ses souvenirs de guerre inspirèrent plusieurs de ses livres, parmi lesquels Notre père Trajan, Léna, et bien évidemment Capitaine Conan, Prix Goncourt 1934.