« Ceci est un document, pas un Ă©crit. Il s'agit de la transcription, la plus fidĂšle possible, de deux carnets de notes que j'ai tenus lors d'un voyage clandestin en Syrie. Ces carnets devaient au dĂ©part servir de base pour les articles que j'ai rĂ©digĂ©s en rentrant. Mais peu Ă peu, entre les longues pĂ©riodes d'attente ou de dĂ©sĆuvrement, les plages de temps mĂ©nagĂ©es, lors des conversations, par la traduction, et une certaine fĂ©brilitĂ© qui tend Ă vouloir transformer dans l'instant le vĂ©cu en texte, ils ont pris de l'ampleur. C'est ce qui rend possible leur publication. Ce qui la justifie est tout autre : le fait qu'ils rendent compte d'un moment bref et dĂ©jĂ disparu, quasiment sans tĂ©moins extĂ©rieurs, les derniers jours du soulĂšvement d'une partie de la ville de Homs contre le rĂ©gime de Bachar al-Assad, juste avant qu'il ne soit Ă©crasĂ© dans un bain de sang qui, au moment oĂč j'Ă©cris ces lignes, dure encore. » Jonathan Littell a passĂ© deux semaines et demie Ă Homs, au cĆur des quartiers opposĂ©s au rĂ©gime syrien. C'est, on le sent page aprĂšs page, un texte Ă©crit dans des conditions extrĂȘmes, oĂč les protagonistes, Ă chaque instant, jouent leur vie. Constituant un documents tout Ă fait unique, vĂ©ritable enquĂȘte sur le terrain, ces carnets tĂ©moignent de la vie quotidienne du peuple en rĂ©volte de la ville de Homs, de la rĂ©sistance des dĂ©serteurs de l'ArmĂ©e syrienne libre, et des atrocitĂ©s commises par les forces gouvernementales.