Les promesses de l’Accord de Paris sont loin d’être honorées. Les voies de la neutralité carbone sont complexes, exigeant des mobilisations coordonnées de tous les acteurs privés et publics. Les financements promis aux pays pauvres ne sont pas au rendez-vous – en particulier pour l’Afrique, pourtant déterminante pour tout le paysage énergétique et de développement mondial. Et les grandes négociations climatiques ne peuvent avancer en ignorant les rapports de puissance globaux, comme le montre le duo américano-chinois. L’urgence climatique existe, mais elle ne peut être traitée qu’intégrée aux dynamiques géopolitiques mondiales.
Après l’Afghanistan – c’est le thème de la rubrique « Contrechamps » –, faut-il redéfinir l’assise politique, la vocation, l’efficacité de l’Alliance atlantique ? Les mouvements russes actuels la renvoient-ils à sa vocation première : la défense des Européens en Europe ? Et alors, que faire du désir à peine caché des Américains de l’intégrer à une mobilisation générale anti-chinoise ? L’affaire pourrait être plus simple si les Européens se décidaient à se saisir un peu plus des risques ou menaces qui les entourent : mais, fort créatifs en matière d’institutions de sécurité mal ou jamais utilisées, ils affichent surtout leurs divisions. Afghanistan, Chine, Russie, Sahel... : les arguments de l’actualité seront-ils décisifs ?
Professeur d'économie à l'université Paris-Dauphine, Christian de Perthuis a dirigé la Mission climat de la Caisse des Dépôts, puis a fondé la chaire Économie du Climat de l'université. Ses travaux sur la tarification carbone font référence. Auteur d'une dizaine d'ouvrages, il a publié en 2019 "Le tic-tac de l'horloge climatique" chez De Boeck Supérieur.