Il faut, néanmoins, leur trouver de bonnes excuses. Excuses qui sont d’excellentes raisons de lire le Zarathoustra. La première est que le texte est déroutant. Ce n’est pas un roman, avec une histoire. Ni un poème, avec des vers. Ni une épopée, avec des guerres. Ni des aphorismes, avec des numéros... C’est irréductible à quoi que ce soit. C’est de l’art. Et de la philosophie en même temps. Allez chercher un sens rationnel, du prêt-à-penser, facile à lire car classable, dans cette grande bible dont le personnage principal est une sorte de prête perse.
La deuxième excuse, donc, est que la signification, tout comme la forme, échappe au lecteur. D’ailleurs, Nietzsche avait prevenu dans son sous-titre : Un livre pour tous et pour personne. Un livre « ouvert » à tous les vents. A toutes les interprétations. Ainsi le bestiaire qu’on trouve dans l’œuvre est-il un hymne à la force ou alors un éloge de la douceur. C’est selon.
Et c’est vrai, la véritable élégance de Zarathoustra est de se poser dans l’entre-deux. Il est celui qui doit réparer son erreur, celle d’avoir un jour divisé le monde en bien et mal. Le retour du prophète, c’est la fin de la morale. Pour cela, il descend de sa montagne enseigner le Surhomme. Et soudain, les contraires ne s’opposent plus, mais ne s’unissent pas non plus. Le monde est un oxymore. Le philosophe, un poète. La tâche du Zarathoustra, nous le faire accepter.
La présente édition reprend celle du Mercure de France, en 1903, d'après une mise en français de Henri Albert, le grand traducteur de Nietzsche à la fin du XIXe siècle.
Ce livre s’adresse à ceux qui aiment l’ésotérisme bien vécu, comme l’endroit d’un envers exotérique, à savoir le Nietzsche grand public. Le verso que l’on ne fait que vous montrer de loin. Une certitude : la lecture de ce livre ne vous laissera pas indemne.
est un philologue, philosophe et poète allemand né le 15 octobre 1844 et mort le 25 août 1900.