Au lieu de soi: L'approche de saint Augustin

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Ce livre paraît sans doute répondre à une nécessité inscrite de longue date dans l'itinéraire intellectuel de l'auteur. Car s'il est parti de Descartes pour accéder à la question de la constitution de la métaphysique, pour en établir la constitution onto-théologique et marquer son écart avec la théologie chrétienne, comment ne pas finir par revenir à saint Augustin ? Cette nécessité s'est imposée à l'auteur à travers une réflexion et un travail sur le choix du thème d'un cycle de conférences données dans le cadre de la chaire Étienne Gilson en 2004 : lire et interpréter les Confessions de saint Augustin sur un mode non-métaphysique, au moyen des principaux concepts élaborés précédemment dans une logique phénoménologique. Cette entreprise relève d'un double enjeu : tester la validité herméneutique des concepts de donation, de phénomène saturé et d'adonné, en les appliquant à un texte de référence, entrer ensuite dans cette oeuvre énigmatique malgré les efforts réalisés pour se l'approprier, pour y retrouver l'itinéraire d'une approche "au lieu de soi".

About the author

Saint Augustin ne parle pas la langue « grecque », ni celle des philosophes, ni même celle des Pères de l’Église. Il ignore la moderne distinction entre théologie et philosophie, n’entendant en cette dernière que l’amour de la sagesse, donc de Dieu et du Christ. Il n’appartient pas à la métaphysique, du moins prise en son sens littéral et historique, le seul digne de discussion. Et c’est pourquoi sa pensée reste toujours controversée et paraît incertaine, d’autant plus que progresse l’érudition et les interprétations — parce qu’on lui a imposé, consciemment ou non, des lectures métaphysiques qui lui faisaient violence, ou parce qu’au contraire son étrangeté résistait à la métaphysique. Il se pourrait donc qu’aujourd’hui il nous précède, nous qui sortons à peine de la métaphysique, lui qui n’y est sans doute jamais entré.Il faut donc le lire à partir de ses propres critères et intentions : en l’occurrence à partir de ce qu’il nomme la confessio — parler une parole non pas produite, mais reçue et, une fois écoutée, rendue, afin de ne pas tant parler de Dieu, que parler à Dieu, soit dans l’aveu des fautes, soit surtout dans la louange (chap. I). À partir de cet écart originaire à l’intérieur de la parole, il devient possible, inévitable plutôt, d’envisager l’accès à soi et son aporie. Car, ici, la certitude d’exister conduit (au contraire du cogito cartésien) à l’inconnaissance de soi. J’habite précisément hors du soi : dans la mémoire (l’immémorial, plus encore que l’inconscient) (chap. II). Ainsi j’habite dans le découvrement non pas théorétique mais érotique de la vérité, qu’il faut aimer pour la connaître (chap. III). Ainsi j’éprouve, au moment d’aimer (ou de haïr) la vérité, l’indisponibilité de ma propre volonté à elle-même et mon exposition incessante à la tentation (chap. IV).L’altérité du soi à soi ne pourra jamais se dépasser, mais elle peut se penser. Il faut pour cela identifier l’écart qui fait de je son autre le plus proche, mais aussi le plus définitif. Cet écart se déploie dans l’événement du temps lui-même, où ce que je suis se déploie précisément et inéluctablement dans la distance, la distraction et l’écart ; toute la difficulté consiste alors à user de cette distance comme d’un élan hors de soi, non comme une dispersion en soi (chap. V). L’écart ambivalent de sa temporalité assigne en fait le soi à sa finitude, ou plus exactement à son statut de créature (chap. VI) : en tant que tel, l’homme n’a pas d’autre essence ni définition que sa référence à Dieu, que son statut d’image renvoyée à la ressemblance de Dieu. Ce qui prend la place du soi, à savoir ce renvoi même à l’image et ressemblance, ne l’abolit donc pas, mais le reconduit à son lieu unique — à plus que soi, autre que soi, mais plus soi que soi, interior intimo meo. À moins que cet excès sur soi, le soi de l’homme ne trouve pas de lieu où se poser.— Jean-Luc Marion —

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