Au-delà des logiques de recomposition diplomatique, les chaînes d’approvisionnement constituent un autre facteur décisif pour appréhender le monde de demain, surtout quand elles concernent les matériaux critiques pour les technologies de la transition industrielle et énergétique. Les accords et solidarités qui s’ébauchent ici seront déterminants. Le choix des logiques à privilégier, logiques économiques ou logiques politiques, est aujourd’hui un enjeu stratégique essentiel.
C’est que l’économie reste, in fine, la condition de la puissance. À cet égard, l’Occident a sans doute mal anticipé la résilience d’une économie russe plus vivace qu’imaginé, même si la mobilisation et l’isolement induits par la guerre annoncent, à terme, des jours difficiles pour Moscou. Quant à l’Égypte, acteur pourtant central du nouveau drame proche-oriental, l’état dramatique de son économie cache mal une dégradation politique et sociale plus générale, et préoccupante.
Norbert Gaillard est docteur en économie. Sa thèse, rédigée à Sciences Po Paris et à l'université de Princeton, portait sur les méthodologies de notation souveraine. Il a été consultant pour l'International Finance Corporation (IFC) et pour l'État de Sonora. Il est actuellement consultant pour la Banque mondiale.