Parmi l’aiguail perlant les frondaisons qui pleurent
Il a dressé l’orgueil de son cimier denté ;
Et ses ergots sanglants épiquement plantés
Sont deux mortels défis aux rivaux qui demeurent.
Ses poules vont franchir le seuil de la chaumière ;
Prêtre du culte ardent et clair de la lumière
Il songe un temps, muet, d’aurores notalgiques,
Puis, cambré sur le socle étroit d’un tronc rustique,
Du chant vermeil et pur de son gosier d’airain,
Salue la mort pourprée des étalons divins.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
Louis Pergaud est originaire de Belmont (Doubs), en Franche-Comté. Son père, Élie Pergaud, y est instituteur paroissien depuis 1877. Il suit les traces de son père au moment de choisir son métier : après une préparation à Besançon, en juillet 1898, Louis Pergaud, âgé de seize ans, dont le travail est excellent, présente le concours d’entrée à l’École normale et il est reçu premier. Après 3 ans d'études acharnées dans cette école, il en sort, le 30 juillet 1901, troisième de sa promotion. Il est nommé enseignant à Durnes (Doubs), son premier poste, pour la rentrée d’octobre 1901. Il se retrouve orphelin à 18 ans, en 1900 son père et sa mère étant décédés à Fallerans à un mois d'intervalle (le 20 février et le 21 mars). En 1903, il épouse Marthe Caffot, institutrice à La Barèche, un village voisin. En avril 1904 Pergaud avec l'aide d'un ami poète, Léon Deubel, fait paraître son premier recueil de poésies, L’Aube. En 1905, lors de la séparation de l'Église et de l'État, Pergaud est muté à Landresse, toujours dans le Doubs. Il travaille à Paris comme clerc puis comme maître d'école, consacrant tout le temps qu'il peut à sa plus grande passion : l'écriture. Sa première publication en prose parait dans le Mercure de France en 1910, le recueil de ces nouvelles s'intitule De Goupil à Margot (Prix Goncourt 1910). En 1911 sort son deuxième recueil de nouvelles sur le thème des animaux, dont La Revanche du corbeau. En 1912 il écrit La Guerre des boutons, roman de ma douzième année Ferry, etc. En 1913 paraît Le Roman de Miraut, chien de chasse. En août 1914, Louis Pergaud est mobilisé dans l'armée française comme sous-lieutenant au 166e régiment d'infanterie cantonné à Verdun. Il sert en Lorraine sur le front Ouest, pendant l'invasion allemande. Le 7 avril 1915, son régiment lance une attaque contre les lignes allemandes : Pergaud, piégé dans les barbelés, est blessé par balles. À la fin de l'offensive, l'écrivain comtois n'est pas parmi les rescapés.