A la mort du regrett_ compositeur, par les mains pieuses de sa veuve, musicienne experte, elle-mðme, fut _dit_ l'original des m_moires du d_funt compositeur, sous le titre de Ma vie musicale et dont le haut int_rðt attira l'attention de la presse et du public russes. De fait, dans cet in-folio de prðs de 400 pages, les renseignements abondent, non seulement sur la vie musicaleé de l'auteur, mais sur toute la nouvelle _coleé dont il fut le plus actif repr_sentant et que la saison russeé des derniers printemps a r_v_l_e aux Parisiens avec un succðs si impr_vu.
Il _tait in_vitable que la soudainet_ mðme de ces manifestations d'une musique peu connue du public occidental nous fÓt commettre certaines erreurs de jugement qu'il n'est pas indiff_rent de redresser, en puisant ö une source aussi s_re que le t_moignage de celui-lö mðme qui fut l'un des fondateurs de cette musique. C'est l'un des motifs de la traduction que nous donnons des m_moires de N.-A. Rimsky-Korsakov. Mais rassurons tout de suite le lecteur rebelle aux dissertations sur le contrepoint, l'harmonie, la fugue ou l'orchestration. Ces m_moires sont de ceux qu'on lit ö la fois avec plaisir et profit; et si l'auteur nous renseigne exactement sur la p_riode la plus int_ressante du mouvement musical en Russie, il le fait avec agr_ment et sans d_daigner la couleur ni l'anecdote significative.
Au surplus, un choix nous est impos_ par les dimensions mðmes du livre, contenant des parties oð sont relat_s les _v_nements familiaux et ceux de la carriðre navale de l'auteur, mentionnant des faits et des noms peu familiers au lecteur franðais. Cette partie des m_moires pourrait ðtre utilis_e dans une _tude consacr_e ö la biographie de Rimsky-Korsakov, accompagn_e de commentaires qu'elle exige et compl_t_e de d_tails qui lui manquent.
Les pages que nous publions aujourd'hui d_crivent la physionomie des cinqé qui furent les fondateurs, de la nouvelle _coleé: Balakirev, C_sar Cui, Moussorgsky, Borodine et notre auteur, le plus jeune et le plus f_cond, Rimsky-Korsakov. Elles pr_cisent ce qu'on sait d_jö de l'influence pr_dominante du premier sur les quatre autres et du soin d_sint_ress_ qu'a mis le dernier ö mettre sur pieds les ìuvres inachev_es de Moussorgsky et de Borodine. Elles nous disent le rªle qu'a jou_ Berlioz auprðs de ces novateurs et, naturellement, caract_risent surtout ce la vie musicaleé de l'auteur de la Pskovitaine et de Snegourotchka.