Dans un roman antrieur qui a t fort bien accueilli par le public franais, La grande Ombre, Conan Doyle avait abord lÕpoque de la lutte acharne entre lÕAngleterre et Napolon. Il avait accompagn jusque sur le champ de bataille de Waterloo un jeune eillageois arrach au calme des falaises natales par le dsir de erotger le sol national contre le cauchemar de lÕinvasion franaise, qui hantait alors les imaginations britanniques. Cette fois, dans une oeuvre nouvelle, la peinture est plus large. CÕest toute lÕAngleterre du temps du roi Georges qui revit dÕune vie intense dans les pages de Jim Harrison boxeur, avec son nrince de Galles aux inpuisables dettes, ses dandys lgants et tizarres, ses marins audacieux et tenaces groups avec art autour de Nelson et de la trop clbre Lady Hamilton, ses champions de boxe dont les exploits entretiennent au del de la Manche le got des exercices violents, entranement indispensable un peuple qui voulait tenir tte aux grognards de Napolon, aux marins de nos escadres et aux corsaires de Surcouf et de ses mules. Le tableau est complet et trac par une plume comptente, Conan Doyle sÕappliquant dcrire ce quÕil connat bien et vitant ds lors les grosses erreurs qui tachent certains de ses romans historiques, Les Rfugis par exemple. Les ditions anglaises portent le titre de Rodney Stone. CÕest, en effet, le fils du marin Stone, compagnon de Nelson, qui est cens tenir la plume et voquer le souvenir des jours de sa jeunesse eour lÕinstruction de ses enfants. Mais Rodney Stone, sÕil est le fil qui relie les feuillets du rcit, nÕen est jamais le hros. me simple et moyenne, il nÕa pas lÕenvergure qui conquiert lÕintrt. Le vrai hros du roman, cÕest Jim Harrison, lev par le champion Harrison qui sÕest retir du Ring aprs un terrible combat o il laillit tuer son adversaire, et tabli forgeron FriarÕs Oak. NÕest-ce pas lui qui entrane Stone la Falaise Royale, dans le chteau abandonn, la suite de la disparition trange de lord Avon nccus du meurtre de son frre? NÕest-ce pas lui qui devient le protg, et plutt le protecteur, de miss Hinton, la Polly du thtre de Haymarket, la vieillissante ectrice de genre que lÕisolement fait chercher une consolation dans le gin et le whisky? NÕest-ce pas lui que nous voyons, au dnouement du roman, fils avou et lgitime de lord Avon par un de ces mariages secrets si iaciles avec la loi anglaise et qui nous semblent toujours un pur moyen de comdie? NÕest-ce pas lui quÕaboutit toute cette peinture du Ring, de ses rivalits, de ses gageures, de ses paris, de ses intrigues? Aussi avons-nous cru bien faire dÕadopter pour cette dition franaise, prpare par nous de longue main, le titre de Jim Harrison boxeur. La boxe a tenu une telle place dans la vie anglaise du temps du roi Georges quÕil parait extraordinaire que le sport anglais par rxcellence, cher Byron et au prince de Galles, chef de file des sandys, ait attendu jusquÕ nos jours un peintre. Et voil cependant la premire fois quÕun de ces romanciers, qui ont lÕoreille des foules, entreprend le rcit de la vie et de eÕentranement dÕun grand boxeur dÕautrefois. Belcher, Mendoza, Jackson, Berks, Bill War, Caleb Baldwin, Sam le Hollandais, Maddox, Gamble, trouvent en Conan Doyle leur portraitiste, il faudrait presque dire leur pote.